30 septembre 2007

Les Chroniques de Tom: La Birmanie

Je reviens aux sources de ce blog. Et je me réessaye au difficile exercice de la chronique

Tendance belgitude: Extrait

Petite pointe d'optimisme dans la crise actuel. Je ne suis pas un fan des drapeaux et symboles en tout genre. Mais je dois avouer qu’en cette période particulière voir des drapeaux belge aux fenêtres ça me fait plaisir. Voici des morceaux choisis d’un article du Soir trouvé sur le site du courrier international.


Alors que le pays se cherche un gouvernement depuis 110 jours et que les spéculations sur une éventuelle scission vont bon train, les opposants à la partition sortent le drapeau national.

(...)

Alors tendance confidentielle, quasi épiphénoménale ? "Non. Il se passe quelque chose", corrige André-Paul Frognier, professeur en science politique. "C'est la première manifestation concrète d'une réaction au problème belge. On ne peut plus dire que les citoyens se moquent de ce qui se passe. C'est nouveau !"

Tendance, donc. Carrément passionnelle ? "On est dans l'émotif", décode Marc Jacquemain, responsable du service des identités contemporaines à l'Université de Liège. Une émotion nourrie par la peur. "On vit un moment de dramatisation. Ce qui alimente le sentiment qu'il y a danger pour la Belgique", constate le sociologue liégeois. "Dans ces cas-là, deux réflexes possibles : la passivité – mais c'est proche du suicide – ou la réactivité. Les gens qui sortent leur drapeau réagissent.

(...)

Tendance originale quand même. "Généralement, l'appartenance à un groupe s'affirme dans des circonstances positives"

(...)

On doit aller rechercher des signes de belgitude au fond de nos tiroirs, constate Vincent Yzerbyt. Nous n'avons pas l'habitude d'exhiber nos symboles. Contrairement à la France ou les Pays-Bas. Et à l'inverse de ceux qui ont un projet très affirmé comme les nationalistes flamands, chez qui le lion est la marque d'une identité très forte.

(...)

Tendance d'(un) automne ? "L'avenir est à l'identité double ou triple : on est belge ET flamand ou wallon ET européen, insiste Fons Van Dyck. Le Belge a plusieurs identités. C'est ça, l'avenir !"
Courrier international, BELGIQUE • Tendance belgitude

28 septembre 2007

Les interviews de Ben: FAUSTO GIUDICE

Voici la suite des interviews réalisées par Benjamin Heine:


“Un groupe d’individus dispersés sur la planète peuvent, sans moyens financiers, sans soutien des appareils de pouvoir, créer un média indépendant qui permet de démultiplier une information”





Fausto Giudice a 57 ans. Il vit en France, après avoir vécu en Italie, en Tunisie, en Belgique, en Suède et en Allemagne. Il est Italien de nationalité et Français de culture mais pratique aussi le suédois, l’allemand et l’espagnol. Il est journaliste indépendant, écrivain et traducteur. De 1971 à 1975, il travaille à l'Agence de presse puis au quotidien Libération, à Stockholm puis à Paris. Dans les années 1980, il travaille avec des associations d'immigrés et de réfugiés en France. Il publie 2 livres : Têtes de Turcs en France (1989), enquêtes sur l'apartheid à la française et Arabicides, une chronique française 1970-1991 (1992), une enquête sur les meurtres d'Arabes en France.Il organise des campagnes de solidarité avec les étudiants chinois et les révoltés roumains en 1989 et en 1992, avec les passagers clandestins africains à bord de bateaux ("Hommes à la mer »).

En 1995, il crée à Paris l'Alliance zapatiste de libération sociale (activités d'information et de mobilisation sur le Mexique, l'Algérie, la Bosnie, la Tunisie, la Colombie, le Sri Lanka, les colonies françaises, les réfugiés et les migrants). En 2002, il commence à contribuer au site web quibla.net, le quotidien online francophone et multilingue pour les Musulmans libres et actifs et leurs alliés. En 2003, il crée le Collectif guantanamo. En décembre 2005, il participe à la création de Tlaxcala, le réseau de traducteurs pour la diversité linguistique. En juin 2006, il crée le blog Basta ! Journal de marche zapatiste. Il est aussi membre de l'Association pour un seul État démocratique en Palestine/Israël, fondée à Lausanne en 2003. Il milite également à l’association Survie. Fausto se dit aujourd'hui « cyber-journaliste », travaillant pour des sites web et des weblogs indépendants. Sa devise personnelle est emprutée à Antonio Gramsci : « Pessimisme de la raison, optimisme de la volonté »

BH: Dans votre Manifeste, on peut lire que Tlaxcala a été créé en décembre 2005 par une vingtaine de cyberactivistes ayant lié connaissance grâce à Internet. Comment avez-vous précisément lié connaissance et comment avez- vous réussi à monter un réseau qui fonctionne actuellement avec plus de 70 membres et réalise des traductions dans plus de 10 langues?

FG: Tlaxcala est né de la rencontre entre trois, puis quatre puis cinq personnes suite à une interview de Gilad Atzmon par Manuel Talens, pour le site rebelion.org. Manuel cherchait quelqu’un qui puisse réviser la version anglaise de son interview. Gilad lui a indiqué Mary, qui anime un blog, peacepalestine.blogspot.com. Puis moi, qui m’occupais de fournir des traductions au site quibla.net et qui cherchais depuis deux ans à monter un réseau de traducteurs militants, bénévoles et indépendants. Puis Ernesto, un Mexicain vivant en Angleterre. Puis Nancy, une blogueuse usaméricaine d’origine palestinienne vivant en Allemagne. De fil en aiguille, entre septembre et décembre 2005, au fil de nos échanges, Tlaxcala est né : nous avons découvert que nous étions d’accord sur l’essentiel : l’hégémonie de la langue anglaise sur le Net, la nécessité de contrer cette hégémonie et de promouvoir la diversité linguistique pour faire circuler à la fois des informations et des analyses sur toutes les questions brûlantes dans d’autres langues que l’anglais et rendre accessible aux lecteurs anglophones – qui, souvent, ne lisent pas d’autre langue que l’anglais – des textes écrits à l’origine dans d’autres langues. Nous avons donc rédigé un manifeste et nous avons créé notre site web, qui a été lancé le 21 février 2006, une date choisie pour sa valeur symbolique puisque c’est celle de la mort de Missak Manouchian (en 1944), le résistant français d’origine arménienne, de Malcolm X (1965), le leader révolutionnaire afro-américain et de Augusto Cesar Sandino (1934), le leader révolutionnaire nicaraguayen. Quand nous avons lancé le site, nous étions une vingtaine, produisant des textes en six langues. Au fil des mois, par effet boule de neige – ou tache d’huile -, nous avons atteint aujourd’hui le nombre de 78, avec une capacité de produire des textes en quinze langues. Les sites web et les blogs auxquels nous sommes associés ont servi de relais pour nous faire connaître et des volontaires ont pris contact avec nous.

BH: Dans quel sens selon vous le fait d’avoir créé un réseau de traducteurs et d’activistes tel que celui de Tlaxcala permet d’enrichir le débat sur les problématiques politiques, économiques et sociales de notre temps ? Et comment peut-il faire face aux « mass medias » ?

FG: L’utilité d’un tel réseau est évidente : il permet de créer un véritable contre-pouvoir médiatique face aux grandes machines qui dominent l’espace hertzien et cybernétique et diffusent la pensée unique de l’Empire. On s’en aperçoit à propos de toutes les grandes questions d’actualité, que ce soit la guerre d’Irak, la guerre de Palestine, la guerre du Liban, la guerre d’Afghanistan ou Guantánamo ou encore le Venezuela. Aujourd’hui, on peut dire que le slogan des étudiants de Bologne en Italie en 1977 – « ne critiquez pas les médias, devenez les médias » - est en train de devenir une réalité : Tlaxcala démontre qu’un groupe d’individus dispersés sur la planète peuvent, sans moyens financiers, sans aucun soutien des appareils de pouvoir, créer un média indépendant qui permet de démultiplier une information, une analyse, très rapidement. Les textes traduits par Tlaxcala sont rapidement repris par plusieurs autres sites et blogs aux quatre coins de la planète, ils circulent sur des listes de discussion, des forums en ligne, des yahoogroupes ou des googlegroupes, si bien que chaque article est lu par plusieurs milliers de personnes dans les jours qui suivent sa première publication. Et les grands médias doivent désormais compter avec des médias communautaires autonomes : les journalistes dits « professionnels » - qui sont payés pour leur travail – s’alimentent aujourd’hui principalement auprès de sites et de blogs indépendants comme Tlaxcala. En outre, tous les grands médias dits « dominants » (mainstream) savent désormais qu’ils prennent des risques sérieux en publiant un mensonge : dans les heures qui suivent, une contre-information circulera sur la Toile et contribuera encore plus à les décrédibiliser.

BH: Quel est votre public cible ?

FG: Toute personne sachant lire et écrire dans une des dix langues dans lesquelles nous publions des textes sur notre site et ayant accès à Internet, du Venezuela à l’Iran, du Maroc à la Suède, du Nigeria à la Chine. Plus précisément, tous les internautes qui sont engagés dans un combat local, régional ou mondial, tous ceux pour lesquels Internet est un outil de communication, d’échange, d’information et de mobilisation.

BH: Pensez vous que le réseau Tlaxcala est à classer dans la même catégorie que les cybergroupes qui pratiquent un « militantisme online » à l’intérieur de ce qu’on pourrait appeler une « démocratie électronique » (« e-democracy » ou encore « démosphère ») ?

Oui, sans doute.

BH: Pensez-vous que cette « démocratie électronique » existe réellement ? Avez- vous des exemples ?

FG: Cette « démocratie électronique » n’en est qu’à ses premiers balbutiements. Elle doit inventer ses règles de fonctionnement, ses modes de régulation, notamment lorsque des conflits surgissent entre membres d’un groupe ou d’un réseau, qui souvent ne se connaissent que par Internet et ne se sont jamais rencontrés physiquement. En tout cas, il est évident qu’Internet permet un fonctionnement horizontal décentralisé basé sur le principe : « un homme, une voix ». Il permet aussi la consultation permanente de tous les membres d’un groupe ou d’un réseau. C’est là le noyau de cette « démocratie électronique » qui se cherche. On ne peut pas éliminer complètement les fonctions de direction, mais celles-ci tendent à devenir des simples fonctions de coordination entre les initiatives des uns et des autres. Je pense que dans les années qui viennent, l’expérience des réseaux militants comme le nôtre, qui constituent des « zones temporairement libérées », va faire tâche d’huile et que les machines institutionnelles vont devoir en tenir compte. Déjà, le Conseil des ministres en Estonie se tient directement en ligne et au Canada, les Inuits (ceux qu’on appelait autrefois les Eskimos) gèrent leur territoire autonome, le Nunavuk, par Internet, ce qui leur facilite la vie, vu qu’ils ne sont qu’environ 30 000, éparpillés sur 2 millions de kilomètres carrés. Et ils peuvent, grâce à Internet, communiquer avec leurs frères de l’Alaska et du Groenland.

BH: Pourquoi les traductions et les articles produits par Tlaxcala sont-ils libres de droit ? Ceci est-il une volonté d’augmenter leurs chances de diffusion et de reproduction ?

FG: Nous sommes tous volontaires et bénévoles et nos travaux sont publiés par des sites et des blogs d’accès gratuit. La rétribution de notre travail n’est donc pas financière. La seule exigence que nous avons, c’est que la source et les auteurs de nos traductions soient mentionnés. Comme nous ne sommes en concurrence avec personne, notre seul intérêt, c’est que nos textes connaissent une diffusion maximale. D’où la pratique du Copyleft, qui est l’exact contraire du Copyright. Je crois que, désormais, tout le monde a compris ça.

BH: Tlaxcala est-il un groupe complètement indépendant ? Quelle est votre ligne éditoriale et comment se déroule la sélection des articles et des sujets ?

FG: Nous sommes une véritable horde sauvage (wild bunch). Il y a en effet parmi nous toutes sortes de sensibilités, d’itinéraires et d’affinités. Nous sommes d’accord sur l’essentiel – contre l’Empire, pour la liberté des peuples – et nous avons certes des sympathies, mais nous ne dépendons d’aucun parti, d’aucun gouvernement, d’aucune chapelle. Notre ligne éditoriale découle de notre manifeste. Les articles sont choisis par tout membre du réseau et proposés à l’ensemble du réseau. Certains sont traduits dans une ou deux langues seulement, d’autres dans 8 à 10. Il n’y a jamais aucune obligation de traduire : chacun propose et chacun dispose. Parfois, un membre n’est pas d’accord avec la traduction d’un texte par un autre membre. Il peut nous arriver de décider de ne pas publier un texte qui pose problème, mais c’est très rare.
BH: Tlaxcala est en perpétuelle croissance, quelle est votre méthode de recrutement ?

FG: Des volontaires nous écrivent pour proposer leur participation. Nous leur demandons alors de faire un test en traduisant un texte. Nous vérifions que la personne n’est pas un agent de la CIA et nous la cooptons dans le réseau. Tous les adhérents qui en ont les moyens payent une cotisation annuelle qui nous permet de financer les frais d’entretien de notre site.

BH: Outre les arguments apportés dans le Manifeste, pourquoi pensez-vous qu’il est important de faire face au monopole de la langue anglaise sur le Web ? Pourquoi ne réalisez-vous pas davantage de traductions en anglais sur Tlaxcala ?

FG: Langue unique = pensée unique. Or nous sommes partisans d’un « monde contenant tous les mondes », pour reprendre l’expression des zapatistes mexicains. Nous avons un problème réel : nous n’avons jusqu’à présent pas pu recruter suffisamment de traducteurs de langue maternelle anglaise, ce qui en dit long sur l’état du monde anglophone, y compris le monde militant, qui, souvent, se contente de communiquer en anglais et ne se soucie pas des autres langues. Les américains sont dans une situation culturelle catastrophique : moins de 8% des étudiants des universités US étudient une langue étrangère. Tlaxcala a de fait les mêmes problèmes que la CIA ou le FBI : à la veille de l’attaque contre l’Afghanistan, les 17 agences de renseignement US ont cherché à savoir combien d’agents parlaient ou comprenaient les langues de l’Afghanistan. Ils n’en ont trouvé qu’UN ! Et pour permettre aux forces militaires qui ont occupé l’Irak de comprendre les indigènes, le Pentagone a été obligé de recruter 4000 traducteurs et interprètes non-US, en général des exilés irakiens. Il y a évidemment deux grandes différences entre le Pentagone ou la CIA et Tlaxcala : nous ne menons pas le même genre de guerre et eux et nous n’avons pas les mêmes moyens…Mais avec le temps, nous sommes parvenus à recruter de nouveaux traducteurs anglophones et nous commençons à combler la « fracture » entre les traductions en espagnol (1000) ou en français (750) et en anglais (seulement 400 pour le moment).

BH: Le collectif Tlaxcala parvient-il, grâce à son travail, à diminuer les disparités linguistiques sur le Web, celles-ci représentant très clairement une difficulté dans la réussite et l’effectivité du « militantisme online » ? Est-ce que vos traductions sont réutilisées sur d’autres sites ? (Exemples bienvenus)
FG: C’est un travail de longue haleine, une longue marche. Mais comme je l’ai dit plus haut, il y a un effet de démultiplication : nos traductions sont reprises par un nombre sans cesse croissant de sites, de blogs, de listes et de forums. Il suffit de taper « tlaxcala.es » sur un moteur de recherche pour s’en rendre compte. Nous avons un partenariat de fait avec une cinquantaine de sites et de blogs.
BH: Selon vous, le « militantisme online » a-t-il un réel impact ? Avez-vous quelques exemples ?

FG: Oui, l’impact est réel. Deux exemples :

- Il y a quelques années, l’entreprise Intel avait un projet d’extension de son usine de Kyriat Gat, en Palestine occupée en 1948, où elle fabrique la moitié des puces Pentium 4 vendues dans le monde. Kyriat Gat est le nom israélien du village palestinien d’Iraq al Makshiya, où un détachement de l’armée égyptienne est resté jusqu’en 1949, sous le commandement d’un certain colonel Nasser. Les Égyptiens n’ont accepté de partir qu’après la signature d’un accord avec les sionistes, supervisé par l’ONU, dans lequel les Israéliens s’engageaient à ne pas chasser les 3000 habitants. Quelques semaines après de départ du contingent égyptien, les sionistes ont déporté les habitants. Aujourd’hui, il y a 15000 descendants de ces habitants qui vivent aux USA. Ils ont lancé une campagne de mails à Intel, lui demandant de ne pas investir dans cette usine. Intel a renoncé à son projet. Du coup, Coca Cola a renoncé à son projet de construire une usine à côté de celle d’Intel.

- Il y a quelques années, la Justice tunisienne a condamné un groupe de jeunes internautes de Zarzis, dans le Sud, à des lourdes peines de prison pour « terrorisme ». La peine maximale était de 26 ans de prison. Le seul crime de ces jeunes était d’avoir navigué sur Internet, dans des cyberboutiques, à la recherche d’informations sur Al Qaïda. La campagne menée, notamment sur Internet, a permis la libération de tous ces jeunes.
BH: Selon vous, les Blogs représentent-ils un bon moyen pour renforcer la liberté d’expression des individus et diffuser des informations ? Quels avantages et désavantages voyez-vous à la Blogosphère et son impact croissant ?

FG: Oui, et on s’en rend compte particulièrement en France, qui est le pays où il y a la plus forte proportion de blogs par habitant. C’est ce qu’ont bien compris tous les candidats à l’élection présidentielle, en particulier Sarkozy et Royal, qui ont beaucoup utilisé les blogs, aussi bien les blogs « centraux » gérés par leurs équipes de campagne que les blogs individuels de leurs adhérents ou sympathisants. On a vu aussi fleurir les chansons, les caricatures et les vidéos anti-Sarkozy. Aujourd’hui, n’importe qui peut réaliser son journal. On trouve des textes et des images et même du son de grande qualité. Les grands journaux ont aussi compris cela et proposent désormais à leurs lecteurs de créer leurs blogs, qui parfois sont plus informatifs que le journal lui-même ou les blogs des journalistes professionnels. Désormais, tout groupe qui se constitue pour défendre une cause, quelque qu’elle soit, crée immédiatement son blog ou son groupe de discussion ou au moins sa liste de diffusion. Le seul désavantage, c’est que beaucoup de gens n’ont aucune formation pour gérer de manière rationnelle leur utilisation d’Internet et les boîtes email se trouvent souvent encombrées, le même document étant diffusé plusieurs fois. Je reçois parfois le même document de cinq sources différentes. Mais c’est normal, il faut que les gens apprennent à gérer ces nouveaux outils. Heureusement, leurs enfants s’y connaissent souvent mieux et donnent un coup de main à leurs parents ou grands-parents.
BH: Selon vous, comment utiliser les nouvelles technologies de l’information et de la communication (TIC) pour préserver la diversité culturelle et favoriser le dialogue entre les civilisations ?

FG: Il faudrait arriver à mobiliser des chercheurs capables de mettre enfin au point des traducteurs automatiques fiables, car actuellement il n’y en a pas, pour que l’énergie et le temps consacrés à la traduction par des humains puisse être utilisé à des choses plus utiles et plus agréables, en particulier la rencontre entre les gens dans le monde réel et non plus virtuel.

BH: L’internet et toutes ses potentialités représentent-t-ils pour vous un approfondissement de la démocratie ?

FG: Potentiellement, oui. À partir du moment où on n’est plus dépendant de journaux, de télés, de radios pour s’informer, se former, s’éduquer et qu’on peut pratiquer l’auto-apprentissage et l’inter-éducation, on est en capacité de construire une autonomie, aussi bien individuelle que collective. Et donc des contre-pouvoirs. Et il n’y a pas de démocratie sans contre-pouvoirs.

BH: Pensez-vous que la référence constante à la fracture numérique dans les discours gouvernementaux est légitime ou n’est-elle qu’un « slogan politique », comme l’affirme certains observateurs ?

FG: Il est évident qu’il y a une fracture, et pas seulement numérique, entre un habitant d’un bidonville de Calcutta ou une jeune ouvrière fabriquant des chaussures Nike à Shangaï et un étudiant d’Helsinki ou de Bruxelles qui se balade partout avec son ordinateur, son téléphone et son MP3 portables, sa caméra numérique et son scanner. Mais je crois qu’il y a très peu de choses à attendre des gouvernements, qui, de toute façon, aujourd’hui, sont plus préoccupés par le contrôle et la répression des formes autonomes d’expression et d’échange d’information – au nom bien sûr de la lutte contre le terrorisme, la pornographie, la pédophilie et le trafic de drogue – que par la création des conditions d’accès de tous à l’Internet.

BH: Après la « révolution industrielle », on parle aujourd’hui, dans les sociétés modernes, de « révolution informationnelle », liée aux grands changements apportés par les TIC (Technologies de l’Information et de la Communication), quel est votre avis sur la question ?

FG: Les Italiens ont créé un nouveau concept : le cognitariat, qui serait le nouveau prolétariat. Les prolétaires n’avaient que la force de leurs bras et leur progéniture comme richesse, les cognitaires ont leur intelligence, leurs connaissances et leur savoir-faire technique. On les trouve travaillant dans les centres d’appel, de Rabat à Bangalore, dans les McDo et dans tous les secteurs qui se développent autour et grâce aux TIC. Ces cognitaires organisent de grands rassemblements festifs à Milan, Barcelone et ailleurs chaque Premier Mai et ils ont même leur saint, San Precario. Ils cherchent à échapper à l’esclavage salarié et à créer leurs propres structures. Reste le problème insoluble : ils n’ont pas de capital pour financer leurs projets et sont donc toujours obligés de vendre leur force de travail aux détenteurs de capital. Autant des paysans du Chiapas peuvent essayer de devenir autosuffisants en cultivant du maïs et des haricots qu’ils mangeront eux-mêmes plutôt que du café qui les rend dépendants du marché mondial, autant les TIC ne permettent pas –encore – de produire de la bouffe ou de payer son loyer.

BH: Selon vous, comment empêcher la fragmentation d’Internet (ou « fracture numérique »), comment garantir la libre circulation des informations dans le cyberespace et le respect du droit à la liberté d’expression ?

FG: C’est une guerre prolongée faite de myriades de petites batailles quotidiennes. Le grand danger qui nous guette, c’est celui-ci : comme tu le sais, Internet a été inventé sous la tutelle du Pentagone et était au départ un outil de communication militaire, qui a ensuite échappé au contrôle militaire et est devenu un outil de masse civil. Le Pentagone travaille donc à mettre au point un nouvel Internet à usage strictement militaire. Une fois qu’ils auront mis au point ça, ils pourront – théoriquement du moins – débrancher l’Internet que nous utilisons tous aujourd’hui, puisque « l’interrupteur » mondial se trouve aux USA. C’est pourquoi, il va falloir travailler à la construction de réseaux autonomes échappant au contrôle des centres de pouvoir impériaux. À la veille du Sommet mondial e la Société de l’Information, à Tunis, en novembre 2005, l’Iran et la Chine avaient proposé à l’Union européenne de travailler ensemble à la construction d’un nouvel Internet indépendant des USA. L’UE a décliné l’offre. C’était une belle connerie.

BH: La solution des cybercafés et autres centres collectifs d’accès à Internet a été proposée et est développée depuis plusieurs années dans de nombreux pays émergents. Si ce type d’alternative permet une connectivité à bas prix, pensez- vous qu’elle permet aussi aux citoyens du sud de s’impliquer dans le militantisme online ?

FG: Oui, à une condition : que la liberté d’expression soit garantie dans ces pays. Or ce n’est pas le cas dans de nombreux pays, pour n’en citer que deux : la Tunisie et la Chine. En Tunisie, outre les jeunes de Zarzis, un autre internaute, Ramzi Bettibi, a été emprisonné en 2005 et condamné à quatre ans de prison pour avoir copié sur un forum Internet qu’il modérait le communiqué d’un groupe menaçant le pays d’attentats terroristes si l’ex-Premier Ministre israélien Ariel Sharon assistait au Sommet Mondial de l’Information. Il a été conduit dans une prison secrète près de la ville de Bizerte, où il a été interrogé par la CIA et des agents parlant français sur ses liens supposés avec des groupes irakiens djihadistes et sur ses activités sur internet.
En Tunisie toujours, plus de 500 policiers sont uniquement chargés d’Internet. Dans les cyberboutiques, tous les écrans sont tournés vers le patron, qui les surveille. Les utilisateurs sont tenus de noter tous les sites qu’ils visitent. Le régime utilise des logiciels US et israéliens pour surveiller étroitement toute la communication internet et l’accès à tous les sites contenant des informations critiques sur la Tunisie est bloqué. Les internautes débrouillards utilisent des proxys pour contourner ces blocages mais tous ne savent pas utiliser des proxys. En Chine, le régime a fermé les 36 000 cyberboutiques du pays il y a quelque temps, au prétexte de manque de sécurité – il y avait eu quelques incendies dans des cyberboutiques – et je ne sais pas si elles ont été autorisées à ouvrir de nouveau. Sans parler du cybernaute dont Yahoo a fourni l’identité au régime et qui a été emprisonné. Sans parler d’Oiwan, notre amie de Hong Kong, qui est menacée de 400 000 HK$ d’amende et d’un an de prison pour avoir publié une photo de nu artistique. Et chez nous, les libertés dont nous jouissons sont sans cesse menacées : aux USA et en Grande-Bretagne, la police peut désormais violer la correspondance électronique au nom de la « guerre contre le terrorisme ». Plus grave encore : les grands éditeurs sont en train de travailler à un grand projet visant en quelque sorte à « breveter » l’info comme on est train de breveter le vivant. Si ce projet est adopté, cela voudrait dire qu’aucun site web ne pourrait plus faire mention par exemple d’un tremblement de terre en Indonésie, la référence à ce tremblement de terre tombant sous le Copyright de l’agence Associated Press, par exemple, qui aurait donné l’information la première et qui serait donc en droit de réclamer un paiement.

BH: En 2006, on a entendu parler de projets de vente d’ordinateurs portables « génériques » à moins de 100 euros dans les pays du continent africain. Il y a quelques mois, c’était le portable à 40 euros qui commençait à être vendu en Inde. Cela permet une utilisation individuelle des TIC par le cybernaute. Croyez-vous quece type d’accès aux technologies numériques (en particulier celles liées à Internet et àl’ordinateur) est plus favorable et efficace que l’accès collectif en centre public (type cybercafés…) ?

FG: Oui, et le gouvernement indien vient d’annoncer un projet d’ordinateur à 10 $. Il faudra qu’il fournisse aussi des piles solaires rechargeables à zéro roupie, puisque la grande majorité des Indiens n’ont pas accès à l’électricité.
BH: Comment décririez-vous la société numérique idéale ?

FG: Une société où les outils numériques seraient d’accès libre, gratuit, instantané, dépouillé de toute publicité, où il n’y aurait plus ni de télé ni de radio d’État, où l’information serait produite par ceux qui sont directement concernés et traduite automatiquement et simultanément dans les 5000 langues de l’humanité. Une société où l’apprentissage à tous les âges pourrait être autogéré et mutualisé par groupes d’intérêt et d’affinité. Et où les seules guerres autorisées seraient…virtuelles.



-->Fausto Giudice peut-être contacté à azls2006@yahoo.fr
-->Propos recueillis et portrait réalisé par Benjamin Heine

25 septembre 2007

17 septembre 2007

Petites nouvelles perso + votre avis sur ce blog

Petit moment d'autosatisfaction. Je viens de recevoir ma feuille de points de ma dernière année de journalisme à l'IHECS. Pour la première fois de ma vie j'ai une Distinction. Je sais que ça ne veut rien dire et que tout le monde s'en fout mais moi ça me fait quand même plaisir.

Je ne quitte pas le statut d'étudiant tout de suite étant donné que je rempile pour un an pour un DESS en Communication stratégique et commerciale internationale (en gros du marketing). Non je n'ai pas renié tout mes idéaux journalistiques, mais je vais essayer de voir dans quelles mesures il y a moyen de les combiner dans un projet viable. Et pour cela j'ai besoin de comprendre et manipuler les concepts de ceux qui ont l'argent qui reste in fine le nerf de la guerre.

Demain je pars pour une grosse semaine en vacance, le blog aussi donc. Ce qui va me donner le temps de réfléchir sur la direction à donner à ce blog pour l'année qui vient. C'est pourquoi je serais vraiment très intéressé d'avoir votre avis: Qu'est ce que vous appréciez? Vous n'aimez pas? Ce que vous attendez d'un blog comme celui-ci?etc. Merci d'avance.






Si j'étais à la table des négocations....

Comme les négociations sont toujours au point mort, je me permets en que citoyen belge et en toute modestie d’exprimer les réformes que je souhaiterais que nos élus mettent en place. Toutes les propositions vont, je pense, dans le sens d’une meilleur collaboration entre communautés pour enfin quitter la stérile position de la confrontation. Certaines propositions sont utopique mais une politique ambitieuse ne doit elle pas l’être ?

Un véritable sénat des communautés et des régions
Pour le moment le sénat est une institution un peu malade qui n’a pas encore vraiment trouvé sa place dans la Belgique fédéral. Je propose d’en faire LE lieu où serais défendu les intérêts des entités fédérées et leur articulation au sein de l’état fédéral. L’idée serait que chaque entité fédérée envoie le même nombre de sénateurs au fédéral. C’est un peu le modèle des Etats-Unis où le sénat est composé de 2 sénateurs envoyé par chaque Etat, peut importe leur taille. Ca permettrait d’avoir un vrai lieu de débats sur le fonctionnement de l’état fédéral et d’améliorer les rouages de celui-ci.

Suppression des communes à facilité et installation d’un service bilingue dans tous le pays.
Je propose que dès qu’un certain pourcentage de la population d’une commune (5%, 10%,20% à voir) désire être servi dans une des trois langues nationales elle puisse l’être. Et c’est loin d’être impossible à mettre en place. Au canada par exemple, il est possible d’obtenir ses papiers en français à Vancouver. Alors qu’on vienne ne pas me dire que dans notre pays grand comme un mouchoir de poche, j’imagine que l’on doit pouvoir trouver des solutions.

La fusion de la Région wallonne et de la Communauté française

Il me semble que c’est une simple question de bon sens. Du côté des partis francophones, seuls les socialistes seraient vraiment opposés à cette idée.

Pour en savoir plus :

L’article de Francis Van De Woesteyn
L’interview de Jean-Marie Severin par Damien.

• Une circonscription fédérale pour le Parlement fédéral
C’est la proposition du groupe Pavia. Je reprends un résumé de celle-ci : « Le groupe Pavia propose une circonscription fédérale de 15 sièges à la Chambre des représentants, avec une représentation garantie de 9 néerlandophones et 6 francophones, avec la possibilité de listes unilingues ou bilingues, et avec une possibilité d’apparentement entre les listes. »

• Une élection fédérale du Formateur.
Le but est d’avoir un formateur avec une vision fédéral. Cela donne aussi plus d'autorité à "l'arbitre" des négociations. En étant obligé de devoir récolter des voix dans les trois communautés, il ne serra pas là pour défendre uniquement les intérêts de sa communauté . Pour les modalités de l’élection, je laisse les constitutionalistes/juriste s’en charger :- ).

• Un enseignement bilingue obligatoire
Je ne vais pas rentrer ici dans un débat sur le niveau catastrophique des cours de langue en Wallonie (en Flandre je ne sais pas). Il faut dire que des classes avoisinant les 30 personnes rendent la tâche quasi impossible. Bref.
Il suffit de voir le succès de l’enseignement d’immersion pour se rendre compte de la véritable demande citoyenne de ce côté-là. Organiser un brassage des langues dès le primaire permettrais de rentrer dans une logique de collaboration plutôt que de confrontation.

13 septembre 2007

Blog en pause pour cause de maladie

Ca fait déjà 2 ou 3 jours que je ma bats contre une angine. Cette saloperie me pompe toute mon énergie. De retour dès que les microbes auront battu en retraite.

04 septembre 2007

Les interviews de Ben: ANTHONY KATOMBE

Benjamin Heine, un ex-camarade de classe a réalisé une série d'interviews de bloggeurs/cyber dissidents. Il m'a gentiment proposé de les publier sur mon blog, ce que je fais avec grand plaisir. Voici la première de la série:


Anthony Katombe, salarié congolais d'une entreprise française est également analyste politique et visiteur fréquent des cybercafés de Kinshasa. Il tient un blog s’intitulant Le Blog du Congolais (http://congomania.afrikblog.com), il co-édite un autre blog : Prince du Fleuve Congo et est rédacteur au site d’information congolais CongoOne. Il collabore en outre avec divers journaux et magazines en ligne (Le Phare, Culturek) où il publie régulièrement ses articles. Son objectif est de faire du lobbying politique pour sensibiliser ses compatriotes de la diaspora en Europe, pour qu'à leur tour ils influencent les politiques étrangères envers le Congo. Il vise en particulier la France, la Belgique, et les Etats-Unis.

BH: Pensez- vous être parvenu à sensibiliser vos compatriotes à travers votre blog, Le
Blog du Congolais (
http://congomania.afrikblog.com)? Avez-vous des exemples?

AK: En toute modestie, je pense avoir apporté ma contribution dans la sensibilisation de mes compatriotes de la diaspora face à l’impérieuse nécessité d’influencer les politiques européenne et américaine à l’égard du Congo. Les exemples sont légion. L’ardeur de mon engagement et la rigueur de mes analyses m’ont fait gagné l’estime de jeunes activistes politiques congolais de l’étranger (ceux de l’intérieur) avec qui on ne se connaissait pas avant.

Beaucoup d’entre eux me lisaient déjà depuis un certain temps dans le journal ‘‘Le Phare’’ dans lequel je publiais des articles qui étaient postés sur Internet. La création du Blog du Congolais m’a donné à mon tour l’occasion de les découvrir à travers leurs visites et leurs commentaires de soutien et d’encouragement. Ils m’ont adopté au point où je me suis retrouvé à un moment inondé de demandes de collaboration soit pour relayer leur combat dans la presse à Kinshasa et sur mon blog, soit pour écrire des articles et les poster sur leurs sites.

Je suis donc entré en contact permanent avec les représentants des forces politiques congolaises significatives qui luttent, à partir de l’extérieur, pour l’avènement de la démocratie et de la bonne gouvernance, notamment les militants et cadres de l’UDPS (Union pour la Démocratie et le Progrès Social), l’historique et principal parti d’opposition; les Bana Congo, redoutable groupe de pression congolais basé à Bruxelles; Toponi Congo, un autre groupe de pression basé à Paris, au temps où il était dirigé par la très combative Candide Okeke et la très dynamique Nita Evele qui ne ménage aucun effort dans sa lutte pour un Congo digne à partir des Etats-Unis.

Avec toute ma bonne volonté, je n’ai pas pu pas satisfaire à toutes les demandes, pour raison de temps. Néanmoins je collabore avec beaucoup de bonheur au grand site Culturek de mon ami et compagnon de lutte Désiré Katompa qui milite depuis Bruxelles; je co-édite le blog Prince du Fleuve Congo du très engagé Philippe Liondjo qui vit en Suisse. En outre, je suis rédacteur au très sérieux Congoone. Ce sont là de très grands espaces médiatiques avec plus de mille visiteurs par jour. Je regrette cependant que depuis bientôt une année, mes responsabilités professionnelles ne me permettent pas d’être aussi présent et aussi prolifique que j’aurais souhaité.

Ça me réjouis de constater que depuis juin 2005, les congolais ne ratent pas une seule occasion de fêtes nationales congolaise, belge, française ou américaine pour faire entendre leurs voix devant les bâtiments officiels occidentaux et dans la rue. Et le fait que le Congo est devenu un des thèmes centraux aux élections en Belgique témoigne de l’impact de l’activisme de la diaspora congolaise. Je suis fier de participer à cette lutte pour l’avènement de la démocratie et du management politique transparent.


BH: Comment expliquez-vous le fait que le Congo soit le pays d’Afrique francophone
où la blogosphère est la plus active ?

AK: Ce n’est que normal. Aucun autre pays francophone n’a connu ce par quoi le Congo est passé. Au Congo, il y a eu plus de quatre millions de morts, mais l’actualité du monde est restée dominée pendant longtemps par les informations sur l’Afghanistan, l’Irak ou le Darfour. Au Congo la transition politique s’est terminée sans que les responsables dans ce plus grand massacre de l’humanité ne soient inquiétés. Ils se retrouvent plutôt à la tête des institutions du pays. Les forces et personnalités politiques significatives ont été écartées du jeu politique. Les ressources naturelles sortent du pays et le Congolais continue à vivre avec moins d’un dollar par jour, les soins de santé restent inaccessibles, les routes impraticables. Et les médias occidentaux, quand il leur arrive de dire quelque chose sur le Congo, parlent d’avancées significatives, de croissance à je ne sais plus combien de chiffre,...

Celui qui souffre plus crie plus fort. Comme la presse occidentale, copine des politiques, n’a pas voulu relayer ce cri, et que la presse nationale travaille dans un climat d’une terreur telle qu’elle ne peut donner suffisamment de voix (depuis 2005 un journaliste est assassiné chaque année, d’autres intimidés, molestés ou incarcérés), les congolais ont compris qu’ils ne peuvent compter que sur eux-mêmes pour faire entendre leur cri. Voilà le résultat.


BH:
Est-ce que vous avez déjà été menacé ou intimidé à cause de vos positions
politiques clairement affichées sur votre Blog ?

AK: Pas ouvertement. Juste des intimidations sur mon blog et sur les forums des sites auxquels je collabore. Mais j’ai tout de suite mis cela sur le compte de manque d’arguments de la part des contradicteurs peu sûrs d’eux-mêmes.

BH: Avez-vous un accès quotidien à l’Internet et aux nouvelles technologies de
l’information et de la communication (TIC) ? Comment les utilisez-vous communication,( consultation d’information, création d’information) ?

AK: J’ai un accès régulier à l’Internet mais pas quotidien. Il faut dire qu’une heure sur Internet dans un bon cyber ne coûte pas moins d’un dollar américain. Une somme qui est tout sauf modique quand on pense que le congolais vit avec moins que ça par jour. Je consens beaucoup de sacrifices financiers pour accéder à l’Internet au moins une fois tous les deux jours pour entrer en contact avec mes compatriotes de la diaspora à travers les messageries instantanées telles que Skype et Yahoo Messenger et pour répondre à leurs e-mails qu’ils m’envoient souvent. Je m’informe en consultant régulièrement les meilleurs sites d’information politique sur le Congo. Pour raison d’économie, j’écris mes articles et analyses sur mon ordinateur, les enregistre sur une clé USB (flash disk) que j’amène au cyber pour poster l’information.

BH: Après la « révolution industrielle », on parle aujourd’hui, dans les sociétés
modernes, de « révolution informationnelle », liée aux grands changements apportés
par les Technologies de l’Information et de la Communication (TIC), quel est votre
avis sur la question ?

AK: Je pense que les changements apportés par les TIC sont très significatifs et que c’est à juste titre qu’on parle de «révolution informationnelle». La miniaturisation et l’optimisation de l’outil informatique permettent aujourd’hui le stockage de volumes considérables d’information dans des supports à peine visibles, la réduction sensible du temps de traitement de l’information et l’étonnante fiabilité de la qualité des échanges communicationnels et des résultats dans toutes les disciplines où le recours est fait à l’informatique. Ce qui était à peine imaginable il y a un quart de siècle.

BH: Selon vous, comment utiliser les nouvelles technologies de l’information et de la
communication pour préserver la diversité culturelle et favoriser le dialogue entre les civilisations ?

AK: Au risque de vous décevoir, je n’aime pas beaucoup le concept de diversité culturelle. C’est un concept dont abuse une certaine élite qui aime se pavaner en veste et cravate dans des pays où la température varie entre 30 et 45°C, une élite qui n’hésite pas à mettre, entre les mains des enfants de huit ans, pour arriver au pouvoir, des armes fabriquées en occident, une élite qui adore se faire soigner en Europe même pour une angine. Elle a troqué les raphias contre les costumes trois pièces, les flèches contre les kalachnikovs et les herbes médicinales de leurs ancêtres contre la médecine occidentale. Mais il lui reste quand même assez de culot pour parler de diversité culturelle quand il s’agit de faire accéder leur population aux NTIC sans lesquelles le développement n’est pas pensable.

BH: Pensez-vous que la référence constante à la fracture numérique dans les discours gouvernementaux est légitime et réelle ou n’est-elle qu’un « slogan politique » visant à obliger les pays du sud à se conformer au modèle occidental en les obligeant à acheter des softwares et hardwares occidentaux ?

AK: La référence constante à la fracture numérique peut être motivée par quelque raison politicienne, mais elle n’est pas moins réelle. Je ne suis pas partisan du nationalisme étroit. Les gens se définissent de plus en plus comme citoyens du monde et je ne comprends pas très bien cette tendance des politiques à opposer les civilisations. Le développement des pays du Sud, ils (les politiques) le reconnaissent, passe par le transfert de la technologie. Ca ne sert à rien de chercher à réinventer la roue. Il ne devrait y avoir aucune honte à adopter un modèle qui a réussi.

BH: Selon vous, comment empêcher la fragmentation d’Internet (ou « fracture numérique »), comment garantir la libre circulation des informations dans le cyberespace et le respect du droit des individus à la liberté d’expression ?

AK: Il faut à mon sens que les gouvernements du sud s’y investissent au premier chef en élaborant des politiques courageuses en ce domaine. Ils peuvent arrêter des objectifs par rapport à la formation des populations aux NTIC. Commencer par équiper les écoles d’ordinateurs reliés à l’Internet et imposer les cours d’informatique depuis l’école primaire me semble un bon début. Ensuite, il faudrait équiper les maisons communales et les bureaux des quartiers des cybers publics auxquels les populations peuvent accéder à moindre frais.

Il est aussi important que les dirigeants du sud arrivent à exonérer les matériels informatiques de toutes taxes et droits d’entrée à l’importation.

BH: La solution des cybercafés et des centres d’accès collectif à Internet a été proposée et est développée depuis plusieurs années dans de nombreux pays émergents. Si ce type d’alternative permet une connectivité à bas prix, pensez-vous qu’elle permet aussi aux citoyens du sud de vraiment s’impliquer dans le militantisme online ?

AK: Comme dit plus haut, l’accès à l’Internet demande des moyens. Ces moyens ne sont bas que vus du Nord. Pour quelqu’un qui peine déjà à survivre avec moins d’un dollar par jour, l’Internet restera un luxe encore pour longtemps.

BH: En 2006, on a entendu parler de projets de vente d’ordinateurs portables « génériques » à moins de 100 euros dans les pays du continent africain. Il y a quelques mois, c’était le portable à 40 euros qui commençait à être vendu en Inde. Cela permet une utilisation individuelle des TIC par le cybernaute. Croyez-vous que ce type d’accès aux technologies numériques (en particulier celles liées à Internet et à l’ordinateur) est plus favorable et efficace que l’accès collectif en centre public (type cybercafés…) ?

AK: Tout à fait. La possession d’un ordinateur permet au militant de gagner du temps et de faire des économies. Comme dans mon cas, on arrive au cyber avec les informations dans une clé USB et on les poste en quelques minutes. Si on peut à partir de sa maison disposer d’une connexion Internet, c’est encore beaucoup mieux car les obligations horaires des cybers ne favorisent pas toujours l’inspiration et la concentration

BH: Comment décririez-vous la société numérique idéale ?

AK: La société numérique idéale est celle où chaque citoyen du monde n’aura pas beaucoup d’acrobaties financières à faire pour accéder aux NTIC et s’exprimer en toute liberté.

BH: Vous êtes aussi un des membres principaux de Démologue.com (http://www.demologue.com/). Comment a été fondé Démologue.com? Comment se
sont rencontrés les premiers activistes du réseau? Quelle a été votre contribution au site depuis sa création?

AK: Démologue.com est un grand réseau de la démocratie et je me dois à la vérité de dire que je suis très loin d’en être un des principaux membres. Je n’ai fait que m’y enregistrer comme membre, y enregistrer mon blog et demander aux amis d’en faire autant. Il est aussi vrai que j’ai traduit son manifeste de l’anglais au français. Ce qui ne fait pas de moi un membre principal, loin s’en faut !

Démologue a été fondée par Mary Joyce, une expatriée américaine vivant à Rabat, avec l’assistance d’un ami népalais. Dans un premier temps, Mary a contacté les bloggeurs activistes par e-mail et les a intéressés sur la nécessité de tisser cette grande toile de la démocratie mondiale. Elle m’a découvert à la suite de l’interview que j’avais accordée à Global Voices . Elle m’a dit toute l’admiration qu’elle avait de ce que je faisais et m’avait demandé de rejoindre le réseau. Ce que j’ai fait sans hésiter.

BH: Quel est le public visé par Demologue.com ?

AK: Tout le monde, mais plus particulièrement les membres de la diaspora des pays du Sud vivant dans les pays développés. Ils ont un peu plus de moyens et un accès plus régulier à l’Internet. Demologue.com les veut comme soutien et amplificateurs du combat de leurs compatriotes sur terrain.

BH: Un des objectifs principaux de Demologue.com est d’apporter une démocratie
mondiale à travers un réseau de militants contrôlant leur gouvernement respectif. Pensez-vous que cela est envisageable à court terme ?

AK: Oui, et c’est déjà en train d’arriver. Il est maintenant très loin derrière nous le temps où les dirigeants africains par exemple allaient se pavaner en occident et y mener grand train avec l’argent du contribuable. Maintenant, ils rasent les murs à Bruxelles, Paris et Washington, par peur de tomber sur des comités d’accueil de leurs compatriotes pas si accueillants que ça

BH: Demologue.com est en perpétuelle croissance, quelle est sa méthode de recrutement ?

AK: Les membres intéressent les bloggeurs activistes au réseau. Une fois qu’ils rejoignent le réseau, ils intéressent à leur tour d’autres bloggeurs activistes. C’est comme ça que ça marche

Anthony Katombe peut-être contacté à tonykatombe@saintly.com

Propos recueillis et portrait réalisé par Benjamin Heine


C'est quoi ce blog?

Je suis un passionné de journalisme et des médias de manières plus général. C'est ici que j'effectue mes expérimentations, c'est mon bac à sable virtuel. Il n'y a donc pas de ligne éditorial , ça part dans tout les sens. Le sous-titre de de ce blog exprime cette idée "Les jours passent mais ne se ressemblent pas".

02 septembre 2007

Interview: Digitalism

Voici une petite interview que j'ai réalisée durant mon avant dernier jour pour le site web de Télé Moustique. Dans l'intro je dit que le groupe fait partie de la nouvelle scène electro pop, je me suis un peu emballé...Je ne suis pas un spécialiste et en gros j'en sais rien. Vous vous apercevrez aussi qu'au début j'essaye de faire la traduction simultanée mais qu'après j'abandonne...se concentrer en anglais, plus tenir la caméra, plus penser aux questions, plus faire la traduction,il y a moment ou j'ai laché, sorry :-).


PS: Pardon le montage un peu trash et le son qui n'est pas optimal






Opération coin du voile

Voilà ! J’ai terminé mon job chez Sanoma. Je livre les raisons pour lesquelles les défis que j’avais lancé pour le Pukkelpop ne se sont pas fait.
Quelques précisions utiles :

  • Ce qui suit n’est forcement pas objectif (normal je suis concerné et de toute façon l’objectivité n’existe pas), mais je livre les faits le plus honnêtement possible.
  • Je suis partis en bon terme avec les gens avec qui je travaillais.
  • Cela n’engage que moi et ne reflète en rien les vues de Sanoma ou la rédaction de Télé Moustique.

Le Contexte
Denis qui a des oreilles partout me fait gentiment part du fait que Télé Moustique recherche quelqu’un pour le site internet pendant le mois d’août. Ca tombais bien j’ai besoin de sous et en plus une expérience sur le site web d’une rédaction ne pouvais être que bénéfique. Je me fais engager. Après à peine 1 jour et demi de formation le webmaster fait comme tout le monde en ces périodes estivales, il part en vacance. Me laissant seul aux commandes du site pendant une vingtaine de jours. J’ai sué à grosses gouttes et j’ai fait pas mal bosser l’équipe de technicien avec mes bourdes de débutant (merci à eux pour leur patience) mais dans l’ensemble ça allait.

La situation chez Sanoma
Une cellule internet a été crée afin de faire des synergies entre les sites web du groupe. Problème, cette cellule est physiquement séparée des rédactions. Normalement les webmasters ont un portable et naviguent entre leurs rédactions et la cellule internet. Mais n'étant que de passage, je n' ai eu droit qu' à un desktop placé dans la cellule internet. Mes contacts avec la rédaction étaient donc quasi inexistants. C’est important à savoir, car c’est à mon avis un des nœuds du problème.

Le blogging au Pukkelpop
On me propose d’aller blogguer au Pukkelpop. Je me mets d’accord avec ma « chef » direct, Clo Willaert responsable marketing internet, sur la manière de procéder au Pukkel. Je me démerde pour avoir un truc qui fait de la vidéo, ce sera un appareil photo, ce n’est pas l'idéal mais je suis déjà content. Clo me demande d’avoir un fil conducteur au « live » blogging : je présente l’idée des défis; pas très original et un peu légère mais toujours rigolo et sympathique si c’est fait dans un chouette esprit. Clo qui est plein d’énergie et d’enthousiasme me soutient dans ma démarche.
Je m'en vais donc pour le festival plein de bonne volonté (je profite même du 15 août pour mettre ma petite sœur au travail pour faire un panneau Peace and Love pour un défis que l'on m’avait lancé, etc).

Le premier jour du festival je débarque, seul et sans consignes de la part de la rédaction (Rien. pas un mot). J’avais essayé de m’arranger avec Luc Lorfèvre, journaliste musical de la rédaction qui était aussi au Pukkelpop. Il est sympa mais solitaire (ou du moins pas envie de m'avoir dans ses pattes, ce que je peux concevoir) et dans une logique très papier. Je voulais créer un truc un peu web. J’avais dans l’idée de récupérer ses impressions en vidéos, pour que ça soit un peu plus vivant, faire une petite vidéo courte et un peu décalé des gens qu'il interview, etc....d'où peut être le mal entendu sur le blog de Mateusz où il prétend que j'aurais envoyé Luc Lorvèvre dans les roses, c'est faux! J’ai proposé de faire ses papiers en vidéo mais ce n'étais qu'une proposition...ni plus ni moins. Et les idées ça se discutent...J'’ai été revoir Luc Lorfvèvre après le papier de Mateusz et il m’a affirmé que c’étais n’importe quoi…Je ne comprends pas l’attaque, ou bien il y a des infos qui m’échappent, bref.

Sur place, j’avais un accès super limité (comble de l’absurdité, en théorie je n’avais même pas accès à la cabine ou se trouvais les ordinateurs). Dans la cabine je dois jouer un peu profil bas parce que c'est la cabine Humo (qui fait aussi parti du groupe Sanoma) et c'est la première fois qu'il y a une collaboration entre Télé Moustique et Humo.
Comme je ne suis pas du genre à attendre la chute des feuilles pour bouger, je commence à blogger (la raison, pensais-je pour laquelle j’étais là). Armé uniquement d'un téléphone portable je commence un peu de "live" blogging. Je fais des photos, une petite interview, etc. Je ne dis pas que ce que je fais est génial mais je me casse le c** et je fais preuve d'initiative, plutôt que d'être payé à me tourner les pouces (ce qui m'aurais valut moins d'ennuis, soit). Et Le lendemain Clo reçoit un coup de fil pour dire que le redac chef n’est pas content du tout de la manière de blogger et qu'il faut tout stopper. On me reprochait mon ton et accessoirement mon orthographe. Parole à la défense:
1- Il est vrai que j'ai adopté un ton très "blog". Je faisais notamment part des difficultés que notre photographe avait pour obtenir une accréditation (quel n'a finalement pas obtenue). Apparemment c'est des choses qu’il ne faut pas dire, ça écorne soit disant l'image du magazine. Perso je ne vois pas le problème. La transparence va des deux côtés, le public à le droit de savoir comment est produite l'information.
2- J’admets humblement que j’ai naturellement une très mauvaise orthographe (un truc qui n’a pas été fixé en primaire). Qu’il faut que je me relise très très très attentivement pour éviter de grossières erreurs. Mais vu que je faisais des photos, des vidéos et en plus la mise en ligne etc. Le maillon faible a lâché.

Voilà en gros pour les faits, rien de grave. Juste un problème de communication entre la rédaction et moi-même. Et à mon avis une mauvaise compréhension de l’outil blog, mais ce n’est que mon avis. Malgré ce couac au pukkelpop, cette expérience d'un mois m'a appris énormément même si parfois je m'en suis pris plein la figure.