07 avril 2008

Grève générale au Caire

Etant donné que la grève générale qu'à connu l'Egypte ce Dimanche 6 avril a été très peu relayée dans la presse Belge, je publie un article écrit par un ami, journaliste free lance égyptien.
Si je veux attirer l'attention sur cet événement, c'est que je pense qu'il s'agit là d'un signe (très) important des égyptiens vis à vis du dictateur Moubarak (après 30 ans de pouvoir absolu, il n'est plus décent de l'appeler "président").

Cet article date d'avant la grève, le compte rendu de celle-ci va m'être envoyé prochainement.

6 avril .. grève générale en Egypte.

Dans le cadre de la série des grèves qui envahissent l'Egypte ces derniers mois, les égyptiens ont rendez-vous dimanche prochain (6 avril) avec une nouvelle grève, mais générale cette fois-ci.

"Restez chez vous. N'achetez rien. N'allez pas au travail. N'allez pas à l'université. N'ouvrez pas vos magasins…" tels sont les slogans de la grève générale qui est censée avoir lieu dimanche prochain. Cette initiative a été lancée par les ouvriers de l'entreprise de textile de Ghazl El-Mahala pour protester contre la hausse des prix. Quelques cyber-activistes et des forces politiques comme le parti Al-Wasat et le parti travailliste ont ensuite adopté cet appel et ont organisé une campagne de propagande sur Internet, notamment sur les blogues et Facebook.


L'idée de cette grève est soit, de rester chez soi et de s'abstenir d'aller au travail, d'acheter, de vendre de prendre les moyens de transport...etc. presque comme le sabbat juif, soit de se regrouper dans les places principales du Caire comme Tahrir et Ramsès pour participer aux manifestations que les forces politiques ont l'intention d'organiser. Beaucoup de jeunes qui ont accès à Internet sont passionnés par l'idée et comptent participer à cette désobéissance civile. "Si tout le monde s'engage à participer à la grève, cela serait un tournant dans l'histoire de l'Egypte et une rupture avec des décennies d'apathie et de passivité" s'exprime Mohammed Ali, 23 ans. Cependant certains pensent que la grève est basée sur un raisonnement prématuré. "Les prix augmentent partout dans le monde. Le gouvernement égyptien n'y est pour rien. Donc, ça sert à rien d'organiser une grève locale contre un problème mondial"explique Mohammed Moheb, 30 ans.


Les deux dernières années ont vu beaucoup de protestations catégorielles: ouvriers, fonctionnaires d'état, médecins et même professeurs de l'université. Selon Gamal Zahran, politologue et député indépendant à l'assemblé du peuple, les politiques économiques actuelles ont mené à une insatisfaction générale."Le gouvernement a mis tout le monde en colère en même temps et il n'est pas capable de répondre aux revendications de toutes les catégories en même temps".

Les prix de tous les produits alimentaires de base ont augmenté ces derniers mois, provoquant un tollé en Egypte. Selon Zahran, les revendications salariales se transformeront bientôt en revendications politiques. "Le peuple égyptien ne bouge que quand la souffrance arrive à son comble, quand il a faim sans avoir le moyen d'acheter de quoi manger. Il parait qu'on a déjà atteint ce comble. Donc, l'explosion populaire ne va pas tarder. La question est sur le timing et l'ampleur qu'elle va prendre".

Moaz Zogaimy, du Caire

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